1) Rappels biologiques et fenêtre d’accouplement pour la reproduction des crevettes d’aquarium
Au préalable de la reproduction des crevettes d’aquarium, posons quelques bases. Pour commencer, il est utile de rappeler que le dimorphisme sexuel est net chez les crevettes naines. Les femelles sont plus trapues, avec un abdomen élargi destiné au port des œufs ; une “selle ovarienne” (amas d’ovocytes) peut se deviner sous la carapace. Les mâles, à l’inverse, sont plus élancés et s’activent fortement juste après la mue d’une femelle, lorsque celle-ci émet des phéromones.
Ensuite, la fécondation a lieu immédiatement post-mue : le mâle dépose un spermatophore ; puis la femelle expulse ses ovules qui se fixent sous l’abdomen et sont ventilés en continu. Par conséquent, la stabilité des paramètres autour de cette fenêtre est déterminante. ⚖️
2) 🐣 Deux stratégies de développement à distinguer pour la reproduction des crevettes d’aquarium
La reproduction des crevettes d’aquarium réussit lorsque l’eau reste stable (GH/KH), l’alimentation est ciblée et le bac offre un biofilm abondant. Mais évoquons ensemble les développements différents. D’une part, les espèces à développement direct (Neocaridina, nombre de Caridina cantonensis) donnent naissance à des juvéniles déjà benthiques.
D’autre part, des espèces comme Caridina multidentata (Japonica Amano) ont un développement larvaire et nécessitent une phase saumâtre.
- Développement direct : œufs moins nombreux mais plus gros, éclosion en mini-crevettes autonomes. ✅
- Développement larvaire : très nombreux œufs, larves planctoniques nécessitant eau saumâtre, puis retour en eau douce après métamorphose. 🔄
3) ⚙️ Paramètres d’eau et environnement de reproduction
Parce que l’osmorégulation des crevettes est sensible aux minéraux dissous, il convient d’assurer des valeurs cohérentes et surtout stables pour la reproduction des crevettes d’aquarium.
Neocaridina (développement direct)
GH 6–10 • KH 3–6 • pH 6,5–7,5 • 20–24 °C • conductivité indicative 300–450 µS/cm.
Caridina cantonensis (Crystal/Taiwan Bee, développement direct)
GH 4–6 • KH 0–2 • pH 5,8–6,5 • 20–23 °C • conductivité indicative 100–200 µS/cm • sol technique recommandé. 🧱
Caridina multidentata (Japonica/Amano, larvaire)
Maintenance tolérante en eau douce, mais reproduction nécessitant phase saumâtre dédiée pour les larves. 🌊
Par ailleurs, une oxygénation élevée (avec la présence d’un Oxydator) 💨, une filtration biologique généreuse (exhausteur, masses poreuses) et des changements d’eau modérés et réguliers soutiennent nettement l’incubation. 🔁
4) 🗓️ Chronologie : de la mue à l’éclosion
- J0 : mue de la femelle, émission de phéromones, accouplement.
- J1 : fixation des œufs ; début de l’incubation sous l’abdomen.
- J+21 à J+35 (selon l’espèce et la température) : ventilation continue, nettoyage des œufs non viables.
- Éclosion (souvent nocturne) : juvéniles benthiques (développement direct) ou larves (Japonica). 🌙
Durant cette période, une stabilité thermique et ionique (GH/KH) limite les pertes embryonnaires et sécurise la reproduction des crevettes d’aquarium ; à l’inverse, des écarts brusques favorisent la chute d’œufs. ⚠️
5) 🍽️ Nutrition ciblée et moments clés (aliments spécifiques)
La nutrition est un levier majeur, mais elle doit être spécifique du stade. Afin d’éviter la compétition et la pollution, privilégie la coupelle de nourrissage et des rations modérées, retirées si non consommées. 🍽️
5.1 Avant la reproduction : femelles en préparation
Afin de soutenir la vitellogenèse (constitution des réserves des ovocytes) et de favoriser des pontes viables, propose une nourriture riche mais équilibrée (protéines modérées, acides aminés essentiels, minéraux chélatés, vitamines).
👉 Aliment “Femelles – Préparation à la reproduction”
👉 Nourriture spéciale mue (optimise la prochaine mue, donc la fenêtre d’accouplement)
5.2 Pendant l’incubation : femelles grainées
Étant donné que l’embryogenèse sollicite les réserves, oriente vers une alimentation hautement digestible et minéralisée (Ca/Mg), afin de soutenir la femelle sans surcharger l’eau.
👉 Aliment “Femelles grainées – maintien et minéraux”
👉 Nourriture spéciale mue (prévenir les mues problématiques en fin d’incubation)
5.3 À l’éclosion : bébés et juvéniles (voir ici la rubrique spécialisé)
Dès l’éclosion, les juvéniles (développement direct) exploitent principalement le biofilm. Cependant, pour améliorer la survie et l’homogénéité de croissance, complète avec des micro-particules (≤ 100 µm), hautement biodisponibles, distribuées en poudrage.
👉 Micro-aliment “Bébés/juvéniles – poudre fine”
👉 Micro-aliment “Biofilm booster” (stimulation du périphyton)
💡 Astuce : afin d’éviter la pollution, fractionne les doses (micro-nourrissage), observe la prise alimentaire, puis siphonne les excès.
6) Facteurs de pertes et conduite à tenir
D’une manière générale, dans la reproduction des crevettes d’aquarium, les pertes d’œufs et de juvéniles proviennent de :
- Chocs osmotiques (changements d’eau trop importants, conductivité qui bondit, KH qui grimpe).
- Hypoxie locale (zones mortes, faiblesse du brassage).
- Stress (vibrations, prédation, manipulations).
- Pollution (nourriture oubliée, nitrate élevé).
Par conséquent, adopte une routine : mesures (GH/KH/pH/conductivité) 📏, changements fractionnés 🔁, oxygénation solide 💨, nettoyage raisonné (avec un siphon doux) et alimentation ciblée via coupelle 🍽️.
7) Bac orienté repro : les conseils
- Maturation : 4–6 semaines de fonctionnement pour stabiliser bactéries et biofilm.
- Filtration : exhausteur + support biologique ; protection de l’aspiration.
- Habitat : multiplications des surfaces à biofilm (mousses, catappa, céramiques poreuses).
- Éclairage : modéré et régulier pour un biofilm actif.
- Sex-ratio : 1 mâle / 2–3 femelles, afin de limiter la compétition.
8) Cas particulier : reproduction de Caridina multidentata (Japonica/Amano)
Contrairement aux Neocaridina et à la plupart des Caridina cantonensis, Caridina multidentata présente un stade larvaire. En pratique, il faut :
- Capturer les larves à l’éclosion (attirées par la lumière).
- Les transférer en eau saumâtre (densité précise et stable).
- Les nourrir avec des micro-algues et micro-aliments adaptés, en faibles charges mais fréquences élevées.
- Après métamorphose, réacclimater progressivement en eau douce.
👉 Pack spécial reproduction Japonica (sels + microaliments + protocole)
👉 Micro-aliment larvaire fin (présent dans la lit d’élevage ci-dessus)
Grâce à une densité contrôlée, une photopériode calibrée et une alimentation micronisée, les taux de métamorphose augmentent sensiblement. 📈
9) Mues, minéraux et renforts nutritionnels
Étant donné que les mues conditionnent la fenêtre d’accouplement et la qualité de la carapace, veille à l’apport adéquat en Ca/Mg ainsi qu’à la biodisponibilité des oligo-éléments. En complément, une nourriture spéciale mue soutient la minéralisation et limite les mues incomplètes.
👉 Lien interne : Nourriture spéciale mue – soutien carapace et enzymatique
Par ailleurs, des tanins doux (catappa) et un biofilm actif favorisent la récupération post-mue. 🌿
10) Dépannage rapide (FAQ technique)
- La femelle lâche ses œufs : le plus souvent stress / choc osmotique. Réduire l’amplitude des changements d’eau, stabiliser GH/KH, renforcer l’oxygénation.
- Peu de juvéniles survivent : probablement déficit de biofilm et/ou surdoses alimentaires. Ajouter supports à biofilm, passer en poudrage fin.
- Aucune ponte depuis des semaines : vérifier sex-ratio, âge/condition des adultes, et surtout stabilité (sol technique effectif pour Caridina cantonensis).
- Mues problématiques : compléter avec nourriture spéciale mue et assurer une minéralisation cohérente (GH).
12) 📎 Pour aller plus loin (maillage éditorial)
- Acclimatation professionnelle (chocs osmotiques et protocole goutte-à-goutte)
- Dureté de l’eau (GH/KH/conductivité et exigences par espèces)
- Bactéries aquatiques (stabilisation biologique et nitrification)